Mais autant qu’aux historiens, c’est aux poètes que l’on doit de nous rapporter les échos de la fabuleuse épopée du jeu de polo à travers les âges. Au Xème siècle, le grand poète persan, Fidursi, évoque dans son “Livre des rois”, véritable histoire de la Perse, un tournoi ayant opposé, quelques siècles plus tôt, sept cavaliers persans à sept turcs. Un prince, du nom de Siawusch aurait frappé la balle avec une telle vigueur qu’il aurait, dit le poète, “fait voir la lune de près”.
Un autre poète persan, nommé Arifi, a écrit une ode allégorique sur le jeu princier : “L’homme est une balle lancée dans le champ de l’existence Conduite ça et là par le maillet de la destinée Que manie la main de la providence …”. En effet, une grande partie de la littérature persane ancienne abonde de références au chaugan* et de métaphores inspirées du jeu. Au XIIème siècle, Nezami, l’un des poètes majeurs de son temps, se sert de l’image du polo pour évoquer la vie : “La limite de ton terrain de polo est l’horizon. La balle sur la courbe de ton maillet, est la Terre. Avant de n’être plus que poussière, galope et force le pas de ta monture, car le monde t’appartient”.
*Le chaugan est le nom perse du polo. Il signifierait « maillet ».